Quand la masculinité coûte à la planète

Une nouvelle étude française lève le voile sur les conséquences environnementales de certaines pratiques typiquement associées aux hommes dans la société.

Dans une société façonnée par le patriarcat, il n’est pas étonnant d’apprendre que les modes de vie ont un impact différencié selon les genres, sur le climat. Autrement dit, les normes de pollution émanant de certaines activités varient selon que l’auteur est un homme ou une femme.

C’est ce que démontre une nouvelle étude de la London School of Economics (LSE) sur le gender gap (« écart entre les genres ») en matière d’émission de dioxyde de carbone en France dans deux des secteurs les plus émetteurs dans le pays, en l’occurrence les transports et l’alimentation.

Il ressort des données publiées, mercredi 14 mai 2025, un écart de 36% entre les émissions de CO₂ des hommes et celles des femmes. Soit 5,3 tonnes équivalent CO₂ par an pour les hommes contre 3,9 tonnes pour les femmes.

Pour aboutir à ce résultat persistant même après ajustement des facteurs socio-économiques comme le type d’emploi, le lieu de résidence ou la catégorie socioprofessionnelle, les chercheuses en économie de l’environnement Ondine Berland et Marion Leroutier ont analysé les habitudes de près de 15 000 Français (2 100 adultes pour l’alimentation et 12 500 autres pour les transports).

Viande rouge et grosses cylindrées épinglées

L’enquête pointe du doigt deux produits particulièrement intensifs en carbone et stéréotypés d’un point de vue du genre : la viande rouge et la voiture. En effet, les hommes consomment davantage de viande rouge, susceptible d’être jusqu’à sept fois plus émettrice que d’autres protéines animales.

Par ailleurs, s’ils ne prennent pas plus souvent leur voiture, ils effectuent des trajets plus longs avec des véhicules réputés plus polluants et moins remplis. L’écart concernant les transports se creuse pour les couples, sans que les auteures ne puissent en expliquer véritablement les raisons.

Quelques hypothèses sont cependant évoquées, comme le passage plus fréquent des femmes au travail à temps partiel ou encore la prise en charge majoritaire du déplacement des enfants par les femmes (école, activités, etc.).

Le long appel au changement de comportements

En revanche, concernant l’alimentation, l’étude observe une tendance inverse. À savoir que l’écart d’émissions entre hommes et femmes diminue dans les couples. « Les femmes s’adaptent au régime de leurs conjoints et accroissent leur quantité de viande consommée », explique Ondine Berland.

Selon sa collègue Marion Leroutier, « ces écarts sont très significatifs, comparables avec la différence d’empreinte carbone entre les 50 % de Français les plus riches et les 50 % les plus pauvres ». D’où le nécessaire changement de comportement.

Cela revient notamment, selon les auteures, à changer les stéréotypes associant la virilité aux grosses voitures et à la consommation de viande. Elles recommandent également d’équilibrer la prise de décision dans les couples concernant les achats, l’alimentation et les déplacements.


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