Virage électrique dans les mines australiennes ?

BHP et Rio Tinto lancent des tests visant à rendre plus écologique le transport de minerais, en collaboration avec Caterpillar pour le déploiement de camions à moteur propre.

Les géants miniers BHP et Rio Tinto ont annoncé, le vendredi 5 décembre, avoir conclu avec Caterpillar un accord portant sur l’acquisition de camions-bennes électriques destinés à leurs opérations, notamment dans la région du Pilbara, véritable poumon économique de l’Australie.

Les engins concernés sont des modèles Cat 793 XE « early learner », spécialement développés pour garantir l’absence d’émissions à l’échappement tout en conservant des niveaux de productivité similaires à ceux des camions diesel classiques.

Le Pilbara, réputé pour ses conditions climatiques extrêmes et ses sites parmi les plus intensifs au monde, constitue un terrain d’essai privilégié. Les tests doivent notamment évaluer l’autonomie, la capacité à soutenir les rythmes de production et la résistance des équipements face aux contraintes du climat aride de la région.

« Ces essais nous aideront à comprendre comment toutes les pièces du puzzle s’assemblent », souligne Tim Day, président de BHP Western Australia Iron Ore Asset, cité par Reuters.

Un levier clé pour réduire l’usage du diesel et les émissions de CO₂

Selon lui, « remplacer le diesel ne consiste pas seulement à changer de source d’énergie, il s’agit de repenser notre manière d’exploiter et de développer les technologies, les infrastructures et les chaînes d’approvisionnement nécessaires pour transformer les activités minières ».

L’ambition affichée des deux groupes est de faire baisser la consommation de diesel et les émissions de gaz à effet de serre liées aux flottes de camions ultra-class, aujourd’hui responsables d’une part importante de leurs rejets directs (Scope 1).

Cet enjeu est d’autant plus crucial que BHP et Rio Tinto se sont engagés à atteindre la neutralité carbone opérationnelle à l’horizon 2050. Comme le rappelle Andrew Wilson, directeur général de Rio Tinto, aucune entreprise ne peut, à elle seule, atteindre l’objectif de zéro émission nette pour le transport minier.

D’où l’importance de cette démarche collective, qui pourrait, en cas de réussite, servir de modèle à de nombreux autres acteurs de l’industrie extractive.

Un tournant décisif ou une tendance passagère ?

À l’inverse, cette mutation pourrait aussi bouleverser des écosystèmes en place, notamment les chaînes d’approvisionnement en carburant, les activités de maintenance des moteurs thermiques et les infrastructures qui y sont liées.

Pour Caterpillar, leader mondial des équipements destinés à l’extraction, cet accord est l’occasion de perfectionner ses solutions technologiques et de démontrer que les performances des camions électriques peuvent rivaliser avec celles des modèles diesel dans les conditions d’utilisation les plus exigeantes.

Les détracteurs soulèvent cependant des interrogations sur la densité énergétique des batteries et sur les installations de recharge nécessaires pour soutenir des opérations minières à grande échelle. Contrairement aux véhicules légers, les camions de transport de minerais déplacent chaque jour des centaines de tonnes, ce qui impose des besoins considérables en puissance et en autonomie.


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