Accord de Paris : de nouveaux modèles suggèrent que les effets du CO2 ont été sous-évalués

Puxi, centre historique de Shanghaï (Chine)., sous un épais nuage de pollution

 

De nouveaux modèles scientifiques suggèrent que les effets du gaz carbonique, ou CO2, ont été sous-évalués dans l’accord de Paris. D’après les travaux menés par des institutions publiques, des émissions de CO2 jusqu’ici associées à un réchauffement de trois degrés pourraient faire monter la température de quatre, voire cinq degrés.

Il sera plus difficile d’atteindre les objectifs de Paris

Les objectifs de l’accord de Paris sont-ils plus difficiles à atteindre que prévu ? C’est ce que sous-entendent de nouveaux modèles scientifiques qui pointent un effet renforcé du dioxyde de carbone sur le réchauffement du climat. D’après des travaux menés par des institutions publiques américaines, britanniques, françaises ou canadiennes, des émissions de CO2 jusqu’ici associées à un réchauffement de trois degrés pourraient en fait faire monter la température de 4, voire 5 degrés. Ces travaux alimenteront les nouvelles projections des experts du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), attendues l’an prochain.

« Nous avons aujourd’hui de meilleurs modèles, qui représentent plus précisément les tendances climatiques », souligne auprès de l’AFP, Olivier Boucher, directeur de l’institut français Pierre-Simon Laplace. De l’avis de Mark Zelinka, du Lawrence Livermore National Laboratory de Californie, et auteur principal de la première évaluation de cette nouvelle génération de modèles climatiques, ces conclusions montrent qu’il « sera évidemment plus difficile d’atteindre les objectifs de Paris, que ce soit 1,5 ou 2 degrés » de réchauffement, fixés en 2015.

Le réchauffement fait baisser la couverture nuageuse

Depuis plus d’un siècle, les scientifiques s’attaquent à une question épineuse : si la quantité de CO2 dans l’atmosphère double, de combien se réchauffera la surface terrestre ? Définir exactement cette « sensibilité climatique » nécessite de prendre en compte de multiples variables, comme l’influence des océans et forêts et leur rôle de « puits à carbone », captant pour l’heure plus de la moitié des émissions humaines.

Il faut aussi prendre en compte « L’évolution des nuages dans un climat plus chaud et savoir s’ils auront un effet atténuateur ou amplifiant a longtemps constitué une source d’incertitude majeure », note Joeri Rogelj, de l’Imperial College de Londres, chef de file du Giec sur le « budget carbone », soit la quantité totale de gaz à effet de serre qui peut être émise sans dépasser une certaine élévation de la température. Les dernières recherches indiquent que le réchauffement fait baisser cette couverture nuageuse, qui réfléchit en conséquence moins les rayons solaires, diminuant d’autant son rôle réfléchissant. Pendant la plupart des 10.000 dernières années, la concentration de CO2 dans l’atmosphère a été d’à peu près 280 parties par million (ppm).

La concentration de CO2 augmente dangereusement

Or entre-temps, la population humaine est passée de quelques millions à 7,6 milliards et les émissions de CO2 ont connu une croissance exponentielle. Aujourd’hui, la concentration de CO2 est de 412 ppm, soit une augmentation de 45%, dont la moitié dans les 30 dernières années. Et depuis les années 1970, le consensus scientifique évaluait la « sensibilité climatique » à trois degrés (avec un écart possible de 1,5), pour environ 560 ppm de CO2.

Le Giec a élaboré quatre scénarios, dont le plus ambitieux respecte l’objectif de l’Accord de Paris de contenir le réchauffement « nettement en dessous de deux degrés » mais nécessite de réduire immédiatement les émissions de CO2 d’environ 10% par an. Mais la plupart des experts considèrent déjà ce scenario hors d’atteinte.

 


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