Dans un rapport publié le mercredi 27 avril, l’ONU met en garde les décideurs publics et les populations contre la dégradation des terres du fait de l’agriculture. Elle avertit que d’ici à 2050, les techniques agricoles pourraient rendre inutilisables une surface équivalente à celle de l’Amérique du Sud. Pour éviter ce scénario, l’organisme appelle à la conservation, la restauration et la gestion des terres de manière durable.
Les filières alimentaires responsables de 80 % de la déforestation
La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) a publié, le mercredi 27 avril 2022, un rapport phare sur la gestion des terres dans l’agriculture. Intitulée « Perspectives Territoriales Mondiales » (Global Land Outlook 2 /GLO2), cette étude est le fruit d’un travail de cinq ans avec 21 organisations partenaires. Composée de plus de 1 000 références, elle se présente comme le regroupement le plus complet d’informations sur le sujet jamais réuni.
Dans ce document, l’ONU lance des avertissements stricts et propose des solutions pratiques à la dégradation des terres. Elle commence par faire un état des lieux en indiquant notamment que les filières alimentaires sont responsables de 80 % de la déforestation et de 70 % de l’utilisation d’eau douce sur la planète bleue. Selon l’organisation, si rien ne change, les fléaux observés actuellement s’accentueront d’ici le milieu du siècle. Il s’agit du changement climatique, de la perte de biodiversité, de la désertification ou encore de la sécheresse d’origine humaine. Par ailleurs, le monde pourrait perdre jusqu’à 40 000 milliards de dollars, soit la moitié du PIB mondial.
Le statu quo n’est plus tenable
Ces conséquences sont celles du scénario 1, le statut quo. En effet, l’ONU a imaginé deux autres scénarios bénéfiques D’une part la restauration de 50 millions de km² de terres. Et d’autre part la mise en place d’une politique de restauration complète appuyée par la conservation de zones naturelles. Pour l’organisme, « le statu quo n’est pas une voie viable pour notre survie et notre prospérité continues ». Il expose « l’humanité à un tel éventail de risques et d’aléas familiers et inconnus, interagissant dans un monde hyperconnecté et en mutation rapide ». Pour éviter la dégradation des terres et ses conséquences, l’ONU avance des solutions concrètes.
D’abord « conserver, restaurer et utiliser nos ressources terrestres de manière durable. Ensuite augmenter les financements pour l’atteinte des objectifs de développement durables (ODD), dont l’atténuation du changement climatique, la restauration des terres, la réduction de la pauvreté et la santé humaine. La CNULCD note que l’engagement actuel des nations à restaurer 1 milliard d’hectares dégradés d’ici 2030 nécessite 1,6 milliard de dollars US au cours de cette décennie. Ce qui représente une très maigre part des 700 milliards de dollars annuels de subventions accordées aux combustibles fossiles et à l’agriculture traditionnelle.
Une réunion de la Convention prévue à Abidjan
L’ONU pense qu’avec seulement 15% de cette somme, la planète pourrait atteindre ses ODD. Par ailleurs, l’organisation appelle à renforcer les droits fonciers des peuples autochtones, comme levier pour le climat et la biodiversité. Une réunion de la CNULCD aura lieu à Abidjan (Côte d’Ivoire) du 9 au 21 mai prochain. Les 197 parties devront se pencher sur les mesures adéquates pour s’adapter aux sécheresses et les solutions pour une agriculture durable. Cette rencontre se fera en amont d’une autre convention de l’ONU, sur la biodiversité. Elle a pour objectif de prendre un engagement ferme pour transformer en aires protégées 30 % de la surface de la Terre.
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