La fièvre écologique s’empare du Groenland

Les pouvoirs publics se préoccupent de plus en plus des conséquences environnementales de l’exploitation des ressources minérales de l’immense territoire de l’Arctique. Problème : l’indépendance de cette région encore sous administration danoise pourrait en dépendre.

Il souffle désormais sur le Groenland un vent de fraîcheur prête à débarrasser l’île de ses impuretés environnementales. Le territoire certes autonome, mais encore sous administration danoise, est dirigé depuis début avril par un gouvernement de gauche écologique. Et pour cause, les dernières élections législatives anticipées ont permis au parti Inuit Ataqatigiit (IA) de vaincre la majorité sociale-démocrate du Siumut. Ce parti au cœur de la vie politique groenlandaise depuis plus de quatre décennies a vu son hégémonie s’interrompre de façon aussi brusque qu’inattendue. Une telle issue n’aurait pu être imaginée il y a quelques années encore. Mais la tendance est en train d’évoluer progressivement.

En toile de fond de cette nouvelle donne politique se joue la question climatique devenue au fil du temps, un enjeu majeur pour la population locale.

Préserver l’environnement, mais à quel prix ?

L’île a en effet été polarisée ces dernières années par les débats autour des terres rares, métaux essentiels dans la fabrication des appareils électroniques. L’exploitation par l’entreprise Greenland Minerals de ces ressources minérales massivement localisées dans la minuscule ville de Narsaq, est aujourd’hui sujette à question. Les retombées économiques sont vitales pour la population locale et celle de Groenland dans son ensemble. Le territoire bien qu’autonome depuis plusieurs années doit encore compter sur Copenhague qui chapeaute ses décisions de souveraineté. Plus important, l’administration centrale danoise contribue pour beaucoup dans la survie économique du Groenland. Or, le désir d’indépendance n’a jamais été aussi fort sur place. Dans ces conditions, la mise en valeur des ressources minérales apparaît comme un moyen important d’y parvenir.

Mais les conséquences environnementales ne sont pas à négliger. D’autant que la firme australienne a également obtenu le droit d’exploiter les mines d’uranium présentes à Narsaq, zone dont dépend toute l’île en raison de ses ressources halieutiques et de ses élevages de moutons. C’est un prix que l’opinion n’est pas prête à consentir. Notamment la nouvelle coalition au pouvoir incarnée par la personne de Mute Egede, nouveau Premier ministre. Ce trentenaire dont le parti IA s’est allié avec les indépendantistes du Naleraq, a fait de la préservation de l’environnement, l’objet central de sa campagne électorale. Reste désormais à savoir jusqu’à quand l’île pourra-t-elle jouer à la fois sur l’équilibre économique et celle environnementale.


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