L’Opep face à l’échéance de la neutralité carbone

Le prix du pétrole devrait évoluer autour d'une moyenne de 40 dollars le baril en 2016, prédit mercredi le ministre russe des Finances, Anton Silouanov. /Photo d'archives/REUTERS/Mick Tsikas

Alors que la tendance fortement encouragée par l’enjeu climatique, est à l’abandon progressif du pétrole, les principaux pays producteurs veulent rouvrir les vannes. Jusqu’à quand ?

Pour les pays pétroliers, la transition énergétique n’est pas pour demain. Et la crise du Coronavirus pourrait bien retarder davantage le début de l’entrée vers cette nouvelle ère tant souhaitée par les défenseurs de l’environnement. Au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), la tendance est à la recherche de stratégies pour capter le maximum de profits grâce au pétrole. Après des mois de crise économique née de la pandémie, le prix du baril repart à la hausse. L’occasion pour les différents pays producteurs de renflouer les caisses éprouvées par le contexte sanitaire. La réunion de ce 1er juin devrait donc décider de la hausse de la production pétrolière. Alors que l’urgence climatique recommande des engagements en faveur d’une rupture progressive avec l’or noir.

Une pression diversement ressentie

Si l’Opep peut se permettre une telle politique, c’est en partie à cause de sa spécificité. Contrairement aux multinationales pétrolières privées telles que Shell ou Total, ce cartel des pays producteurs a sous son administration des compagnies nationales publiques et pourvoyeuses de recettes pour l’État. Ces firmes non cotées en bourse échappent aux activistes devenus au fil des années, de véritables poils-à-gratter pour l’industrie des énergies fossiles. Le Néerlandais Shell et l’Américain Exxon ne s’en sont toujours pas remis de leur désillusion respective intervenue le 26 mai dernier à l’initiative d’ONGs et d’organisations pro-climat.

Par ailleurs, le péril climatique paraît moins évident pour les pays membres de l’Opep. L’organisation a beau fournir le tiers de la production pétrolière mondiale, ses membres ne contribuent que pour un cinquième des émissions de gaz à effet de serre global.

De pressantes injonctions

Pourtant, ils ont autant que les autres pollueurs, intérêt à agir pour la préservation du climat. La ligne directrice tracée aux différents sommets climatiques ces dernières années le recommande. Plus récemment, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a appelé à l’arrêt immédiat de nouveaux forages au risque de compromettre l’objectif d’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050. Mais pour l’Opep et la plupart des acteurs du secteur, le pétrole reste un marché encore bien juteux. De fait, rares sont les pays déjà engagés dans les énergies renouvelables. Au contraire du pétrole qui devrait continuer à bénéficier de conséquents investissements jusqu’en 2030, selon les analystes.


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