Energies renouvelables : les lignes bougent en faveur de l’hydrogène naturel

Agroécologie

Promu au rang de candidat idéal pour la transition énergétique, l’hydrogène naturel a longtemps peiné à convaincre les décideurs publics et les industriels. L’argument était qu’on ne maîtrise pas encore le mode de génération et même le fonctionnement de cette ressource naturelle. Mais en vrai, les lobbies du pétrole avaient leur mot à dire.

Total souhaite donner sa chance à l’hydrogène

Avec le temps, les lignes commencent à bouger en faveur de l’hydrogène naturel. On voit progressivement les industriels se rapprocher de l’exploitation de ce gaz totalement vertueux pour la planète. L’un des cadors de l’énergie, Total, se dit qu’il serait intéressant de considérer enfin cette ressource. Alors qu’il est dans le viseur des ONG, notamment pour sa raffinerie de la Mède. Lors d’un colloque de l’Union française de l’électricité (UFE), le 3 décembre, le PDG de Total, Patrick Pouyanné s’est montré très enthousiaste sur le sujet. A la différence de ses pairs de la RATP et d’EDF encore un peu réservé sur l’hydrogène, le boss de Total a laissé entendre que « la filière hydrogène mérite d’être regardée de plus près ». Un discours aux antipodes de celui prononcé en début d’année : « Il faut regarder la réalité en face : les constructeurs automobiles font le choix du véhicule électrique, pas du véhicule à hydrogène ».

« L’horizon est 2030, on regarde sérieusement le sujet »

Patrick Pouyanné a fait savoir que son groupe a même commencé à investir dans le secteur. « On est actionnaire de la plus grosse société de mobilité gaz-hydrogène aux États-Unis », a-t-il déclaré. L’hydrogène vert, produite à partir d’électricité renouvelable, intéresse surtout Total pour son potentiel à décarboner le gaz naturel, sur lequel le major compte beaucoup comme énergie de transition pour remplacer le pétrole. En outre, le patron du groupe pétrolier et gazier a pris en exemple l’Allemagne, très avancée sur la question. Les « Allemands sont en train de passer à une économie de l’hydrogène », et même si « en regardant la réalité du plan, les 40 projets sont tout petits », c’est déjà encourageant pour la filière. « L’horizon est 2030, on regarde sérieusement le sujet », a dit le PDG de Total. Il veut maintenant croire au potentiel de l’hydrogène pour tous les transports lourds, trains ou flottes de bus où il est possible de centraliser le stockage et la production.

L’Allemagne, future patrie de l’hydrogène ?

En Allemagne, on a plus la foi en l’hydrogène vert qu’en France. Le gouvernement a même pris les devants. « Nous devons poser les jalons pour que l’Allemagne devienne le numéro un mondial des technologies de l’hydrogène », avait récemment déclaré le ministre de l’Economie, Peter Altmaier, dans une tribune publiée dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung. Il promet la finalisation prochaine d’une stratégie nationale appropriée afin d’atteindre cet objectif. Pour le voisin outre-rhin, l’hydrogène se révèle d’autant plus intéressant que le pays n’a pas encore trouvé le moyen de stocker son énergie renouvelable en excès.

L’hydrogène, produit par électrolyse, permet de stocker ces sources alternatives, utilisables ensuite directement, par exemple dans les industries chimique ou sidérurgique. Pour sa part, le Ministre des transports, Andreas Scheuer vise la production total 60.000 voitures à hydrogène d’ici à 2022. « L’industrie automobile doit mettre sur le marché des véhicules abordables et montrer aux gens que la technologie fonctionne de manière fiable », a-t-il souligné. Selon lui, c’est indéniable, « L’hydrogène est l’un des carburants du futur ».

Hydroma SA, pionnière de l’hydrogène naturel

En matière de production, la stratégie allemande compte favoriser à la fois l’hydrogène « vert », fabriqué par électrolyse grâce à des énergies renouvelables, et le « bleu », produit à partir de gaz naturel.

Si les industriels et gouvernement du monde commencent à s’intéresser à l’hydrogène vert, c’est une très bonne nouvelle pour l’hydrogène naturel. Celui-ci n’a pas besoin d’être généré par électrolyse. Il existe déjà sous nos pieds et parfois à un état tel qu’il est déjà exploitable lorsqu’il sort de terre. C’est le cas au Mali, où une entreprise pionnière, Petroma Inc, exploite cette ressource depuis 2011, à petite échelle. En juillet 2019, après une première phase d’exploration réussie, elle a lancé l’exploitation industrielle avec sa filiale Hydroma SA. Parallèlement, elle mène une offensive en Allemagne où le contexte est favorable. Dans ce pays, Petroma Inc noue des partenariats pour atteindre son objectif : produire de l’électricité propre et moins cher.


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