Selon une étude de chercheurs américains, l’eau de mer salée pourrait servir de carburant écologique pour les bateaux. Comment ? En se servant d’un catalyseur au carbure de molybdène et au potassium pour convertir de manière efficace et fiable le dioxyde de carbone en monoxyde de carbone. A la clé, un hydrocarbure liquide propre.
À part quelques porte-avions et sous-marins à propulsion nucléaire, la plupart des navires de la Marine doivent s’aligner périodiquement aux côtés des navires-citernes pour faire le plein de mazout. Une opération qui peut s’avérer difficile par mauvais temps. Sans oublier que les émissions de gaz à effet de serre représentent 3 % des émissions mondiales selon l’Institut supérieur d’économie maritime (ISEMAR). En 2050, elles devraient passer à 17%. Pour résoudre ces problèmes, une équipe de chercheurs du Département de génie chimique de l’Université de Rochester, aidée des scientifiques du Naval Research Laboratory, de l’Université de Pittsburgh et de la compagnie OxEon Energy, s’appuient sur l’eau de mer qu’ils transforment en carburant neutre.
Une potentielle ressource de carburant écologique presque illimitée
Pour réaliser cette « alchimie », les scientifiques misent sur la méthode de « conversion catalytique inversée ». Cette technique s’opère avec un catalyseur composé de carbure de molybdène, un matériau peu coûteux et résistant à la chaleur, associé à du potassium et de l’alumine gamma. Les chercheurs expliquent qu’il faut extraire le dioxyde de carbone présent dans l’eau, puis le transformer en monoxyde de carbone. Ensuite, il faut convertir le tout en hydrocarbure liquide. « Il s’agit de la première démonstration que ce type de catalyseur au carbure de molybdène peut être utilisé à l’échelle industrielle », a déclaré Marc Porosoff, professeur assistant de génie chimique à Rochester.
Comme le carburant se prélève directement dans l’eau, il pourrait être fabriqué durant la navigation du bateau et durer plus longtemps qu’un carburant « classique ». L’on a donc là un carburant écologique presque illimitée. Cette ressource permettrait de réduire la pollution et de diminuer les coûts d’entretien et ceux liés à l’essence.
D’autres tests nécessaires en conditions réelles
Si les chercheurs assurent que le catalyseur n’a montré aucun signe de désactivation pendant le test de 10 jours en laboratoire, ils doivent cependant mener des expériences dans des conditions réelles à bord d’un bateau pour tester la stabilité du procédé. Ils veilleront notamment à l’exposer à des contaminants courants présents dans les gaz de combustion tels que le mercure, le soufre, le cadmium et chlore.
Notons qu’en 2014, la marine américaine a entamé un projet similaire. En effet, une équipe de laboratoire de recherche navale dirigée par Heather Willauer avait utilisé un convertisseur catalytique pour extraire le dioxyde de carbone et l’hydrogène de l’eau de mer. Puis elle a converti les gaz en hydrocarbures liquides à un taux d’efficacité de 92%. L’équipe avait ensuite réussi à faire voler un modèle réduit d’avion.
Poster un Commentaire