L’Amazonie indignée s’invite à la COP30

Profitant de l’ouverture de la Conférence climat de l’ONU à Belém, au Brésil, des représentants des peuples autochtones ont saisi la tribune pour exposer leur réalité de populations particulièrement affectées par la crise écologique.

Alors que les délégations et les participants prenaient leurs places, le mardi 11 novembre, à l’ouverture de la COP30 à Belém, au Brésil, des dizaines de représentants autochtones ont réussi à pénétrer sur le site du sommet, déterminés à faire porter leur voix.

Leur visage couvert de peintures traditionnelles, parés de plumes éclatantes, ces hommes et femmes, parmi les plus vulnérables face aux bouleversements climatiques, ont exprimé leur opposition à l’exploitation de leurs territoires au profit d’intérêts économiques, sans égard pour leur avenir.

« Notre terre n’est pas à vendre », pouvait-on lire sur des pancartes brandies alors que les tambours résonnaient, les portes claquaient sous la pression de la foule. Un agent de sécurité, évacué sur un fauteuil roulant, se plaignait de douleurs abdominales ; un autre, blessé à la tête, avait été heurté par un tambour.

Des déchets en plastique ont fusé, les clameurs se sont muées en cris. Ce moment d’agitation, devenu explosion de colère, a mis en lumière la lassitude et l’exaspération des manifestants.

« Un moment de révolte et d’indignation »

Les peuples autochtones martèlent qu’alors que des milliards sont investis dans la construction d’infrastructures neuves pour la COP30, leurs écoles s’effondrent, leurs dispensaires sont laissés à l’abandon, et la forêt – leur foyer – continue de partir en fumée.

« C’est une manière pour le gouvernement de défendre l’espace où se tient cet événement en ce moment. Mais pour nous, c’est un moment de révolte, d’indignation. C’est un moment où nous, peuples autochtones, ressentons dans notre chair la défaite de notre territoire« , a déclaré l’un des manifestants.

« On ne peut pas manger l’argent. Nous voulons nos terres libérées de l’agrobusiness, de l’exploration pétrolière, des mineurs illégaux et des bûcherons illégaux« , a insisté Gilmar, figure de la communauté Tupinamba, établie près du bas Tapajós.

L’Amazonie prise au revers des contradictions

Près de 200 nations se retrouvent à Belém, jusqu’au 21 novembre, dans l’espoir d’arrêter (enfin) une stratégie visant à contenir la hausse de la température à 1,5 °C. Un engagement formulé à Paris il y a dix ans, mais toujours hors de portée.

Paradoxalement, le Brésil poursuit l’attribution de nouveaux permis d’exploration pétrolière et gazière – Petrobras a reçu une nouvelle autorisation quelques jours avant la COP –, alors que la forêt subit de plein fouet les conséquences de la crise climatique.

La situation paraît d’autant plus critique que la question environnementale semble s’effacer des priorités, malgré l’urgence absolue. Les États-Unis censés assurer le leadership de la question climatique sont ainsi absents de l’événement, conformément à l’agenda pro-énergies fossiles du président Donald Trump.


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