
Une quarantaine d’adolescents sans-abri ont manifesté mercredi 23 juillet dans la cité phocéenne, lassés de voir leur situation s’enliser faute de réaction des pouvoirs publics.
« Comment peut-on parler de droits de l’homme si on laisse des gens dormir dans la rue ?». Cette question du jeune Mohamed, 17 ans, résonne particulièrement dans un pays tel que la France, qui se veut celui des Lumières, de la fraternité, de la justice et de l’égalité.
C’est pour obtenir une réponse que ce jeune Guinéen s’est mobilisé mercredi 23 juillet aux côtés d’autres « camarades » de Marseille, pancartes et mégaphones à la main. Ces adolescents, originaires d’Afrique pour la plupart et ayant fui violences et menaces, ont en commun d’être des mineurs non accompagnés (MNA).
C’est du moins ainsi qu’ils espèrent être reconnus par les autorités administratives afin de des conditions d’accueil correspondantes, dont notamment la mise à l’abri. Problème : ils n’ont plus de toit depuis qu’une première évaluation a déterminé qu’ils n’étaient pas mineurs.
Résultat : ils campent sous des tentes et dans des abris de fortune, livrés à eux-mêmes depuis trois semaines. Une situation d’autant plus préoccupante qu’il s’agit de jeunes particulièrement vulnérables.
Des rêves brisés par l’indifférence institutionnelle
L’histoire d’Antony, 16 ans, racontée par Libération, illustre l’absurdité de cette situation. Arrivé de République démocratique du Congo en mars dernier après avoir été menacé par des criminels qu’il avait dénoncés, le jeune homme a vu sa minorité contestée par l’Addap 13 (Association Départementale pour le Développement des Actions de Prévention des Bouches-du-Rhône), mandatée par le département pour évaluer ces dossiers.
« Ils m’ont dit que j’étais stressé, mais j’étais surtout triste, je venais de passer deux jours dans la rue », confie-t-il, les traits tirés par une nuit blanche sous sa tente surchauffée par cette canicule ambiante.
Son recours devant la justice peut prendre « plusieurs mois, un an ». En attendant, plus d’hôtel, plus de toit. « Je fais comment pour continuer, si je n’ai pas de maison ? », s’interroge Mohamed.
« Nous avons des rêves. Si on nous aide, nous sommes comme un investissement pour la France. On demande juste de nous faire une place« , plaide Antony, qui aspire à devenir électricien.
Une politique assumée de fermeture
Le jeune homme a ainsi rejoint la manifestation, espérant alerter sur leur situation commune. Peu de chances cependant que Martine Vassal, présidente DVD (Divers Droite) du département des Bouches-du-Rhône, se montre compréhensive.
« On n’est plus capables d’accueillir toute la misère du monde. Au kiosque des Réformés, ce ne sont que des majeurs. Je dis stop. Je mets d’abord en avant les enfants qui me sont confiés par les juges, les orphelins et les enfants placés victimes de violences intrafamiliales. Les ‘mineurs-majeurs’, je n’en veux plus. La loi est complètement dévoyée. Ils sont là pour utiliser le système. Il y en a assez. Il faut le dire« , avait-elle déclaré quelques jours plus tôt, cité par la Provence.
« Vous dites stop ? On dit stop aussi : stop à la méchanceté, stop à l’ignorance ! Stop au racisme ! » Leur réponse, empreinte d’une maturité désarmante, interpelle : « Vous dites qu’on ment sur notre âge, mais est-ce que vous étiez là le jour où notre mère a accouché ?« , ont rétorqué les jeunes dans une lettre cinglante.
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