
Les habitants du petit État insulaire du Pacifique se ruent vers l’Australie grâce au premier traité au monde permettant la migration climatique entre deux pays.
Le visa australien est l’un des sésames les plus convoités à Tuvalu actuellement. Dans le cadre du traité de coopération signé en novembre 2023 entre les deux pays, Canberra a décidé d’ouvrir ses portes aux habitants de cet État menacé par le changement climatique.
Avec une altitude moyenne de seulement 2 mètres au-dessus du niveau de la mer, l’archipel de 676 km a déjà subi une élévation du niveau marin de 15 centimètres au cours des trois dernières décennies, soit une fois et demie la moyenne mondiale.
Les projections de la NASA, basées sur une élévation d’un mètre du niveau des océans, prévoient que la moitié de l’atoll principal de Funafuti – l’un des neuf atolls du pays – sera submergée par les marées quotidiennes d’ici 2050. De quoi faire disparaître le pays d’ici la fin du siècle.
C’est dans ce contexte que l’Australie propose un refuge climatique aux Tuvaluans. « Je pense que les pays développés ont la responsabilité de fournir une assistance », avait déclaré le Premier ministre Anthony Albanese lors de la signature de cet accord, le premier du genre au monde.
Un engouement monstre
Le visa, dont les candidatures sont ouvertes depuis le début du mois jusqu’au 18 juillet, a attiré 1 124 personnes. En comptant les membres de leur famille, ce chiffre atteint 4 052, selon des sources australiennes officielles rapportées par Reuters.
Cela dépasse largement les 280 places disponibles dans le cadre de ce traité baptisé « Falepili Union », qui permet aux résidents de Tuvalu de vivre, travailler et étudier en Australie avec les mêmes droits que les citoyens australiens.
« S’installer en Australie permettra d’envoyer davantage de fonds aux familles restées au pays« , affirme à l’agence de presse, l’ambassadeur de Tuvalu aux Nations Unies, Tapugao Falefou, qui se dit « stupéfait » par un tel engouement.
Entre satisfecit et crainte
« Si les prédictions sont vraies et que dans 50 ans les Tuvalu sont sous l’eau, alors nous devons trouver une issue », argue Letiu Afelee, père de cinq jeunes garçons, interrogé par Le Point.
Malgré la limitation du nombre de visas à 280 par an afin de prévenir, selon Reuters, une potentielle fuite des cerveaux de Tuvalu, les inquiétudes subsistent quant à cette initiative qui pourrait vider l’archipel de sa force vive.
« Si vous regardez le texte de l’accord, il n’y a rien pour protéger Tuvalu. Rien pour faire face aux effets du changement climatique. Rien », regrette Enele Sopoaga, ancien Premier ministre de Tuvalu, dénonçant toujours dans le Point, un « colonialisme moderne ».
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