Holcim marquée à la culotte face à l’urgence climatique

La multinationale suisse spécialiste des matériaux de construction est pressée d’adapter ses activités aux impératifs du climat dans la perspective de la prochaine scission de sa branche nord-américaine.

Pour les activistes de l’environnement, le temps est désormais venu pour Holcim de s’embarquer dans une voie écoresponsable, quitte à lui forcer la main. La coalition d’associations menée par l’ONG Industrious Labs s’en est ainsi ouverte à l’entreprise à travers une lettre.

Adressé au président Jan Jenisch, le document porte la signature de plusieurs militants, dont le Michigan Climate Action Network, Clean Water Action de Baltimore et le Potomac Riverkeeper Network de Washington, tous regroupés dans le cadre d’une campagne baptisée « Concrete Change » (Changement concret).

Ils exhortent notamment le cimentier à réduire drastiquement son empreinte carbone. Parmi leurs revendications principales figure l’abandon progressif des fours humides, particulièrement énergivores, ainsi que la mise en place d’au moins une usine de ciment à zéro émission nette en Amérique du Nord d’ici 2030.

La région nord-américaine est justement sous le feu des projecteurs depuis le début de l’année et l’annonce prochaine d’une scission des activités de Holcim sur place dans le cadre d’une entrée à la bourse de New York prévue début 2025.

Les bonnes intentions d’Holcim

Pour les militants écologistes, cette opération estimée à 30 milliards de dollars représente une opportunité en or pour le groupe de repenser en profondeur son approche environnementale.

« Les marchés sont brutaux et ne récompensent pas les acteurs historiques qui sont lents à répondre à la demande des clients. Nous voyons plusieurs projets de ciment neutre en carbone en cours, et Holcim est laissée pour compte« , avait lâché Nachy Kanfer, associé chez Industrious Labs, à Reuters, le mois dernier.

Face à ces critiques, Holcim ne reste pas les bras croisés. L’entreprise a ainsi annoncé plusieurs initiatives visant à réduire son impact environnemental. Parmi les projets les plus ambitieux figure la mise en place de trois installations de capture de CO2 en Amérique du Nord, censées piéger cinq millions de tonnes de dioxyde de carbone par an à partir de 2028.

Enjeu d’une importance globale

De plus, le groupe a récemment pris une participation dans Sublime Systems, une start-up américaine travaillant sur le développement de ciment à faible teneur en carbone.

Malgré ces efforts, les associations environnementales demeurent sceptiques. Elles pointent du doigt le manque d’engagement concret de la part d’Holcim pour une transformation en profondeur de ses pratiques industrielles.

La campagne « Concrete Change » bénéficie notamment du soutien d’Actares, un conseiller en vote suisse spécialisé dans les questions de durabilité, qui représente des actionnaires individuels au sein d’Holcim.

L’enjeu est de taille pour le secteur du ciment dans son ensemble. Considéré comme l’un des plus difficiles à décarboner, il se retrouve aujourd’hui au cœur des préoccupations environnementales avec une part de 6% des émissions mondiales, un chiffre qui grimpe à près de 8% si l’on inclut le béton.


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