
Le pays s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 62 à 70 % d’ici 2035, s’inscrivant dans l’effort mondial d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
C’est avec conviction que le Premier ministre australien s’est présenté jeudi 18 septembre pour réaffirmer l’engagement de son pays dans la lutte contre le réchauffement climatique. Anthony Albanese a annoncé que l’Australie viserait une réduction comprise entre 62 % et 70 % de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2035, par rapport au niveau de 2005.
« C’est le bon objectif pour protéger notre environnement, renforcer notre économie et créer des emplois, tout en agissant dans l’intérêt des générations actuelles et futures », a-t-il déclaré accompagné de plusieurs membres de son gouvernement, s’appuyant notamment sur les recommandations de la Climate Change Authority (CAA).
L’organisme indépendant, chargé de fournir des conseils d’experts au gouvernement australien sur les politiques de lutte contre le changement climatique, justifie cette fourchette par le souci de « rester flexible pour faire face à tous les défis », d’après son président Matt Kean, cité par Le Monde.
Loin de nuire à l’économie comme certains le craignent, cet objectif pourrait au contraire la renforcer, selon les modélisations du Trésor australien.
Des investissements conséquents
Le Trésorier Jim Chalmers a révélé qu’une réduction de 65 % des émissions pourrait conduire à une économie plus robuste, avec des salaires réels supérieurs de 2,5 % d’ici 2050 et une augmentation du PIB par habitant de 2 100 dollars australiens.
Pour concrétiser ces ambitions, le gouvernement travailliste prévoit un investissement supplémentaire de deux milliards de dollars à destination de la Clean Energy Finance Corporation, la « banque verte » australienne.
Un nouveau fonds de cinq milliards de dollars devrait également aider les installations industrielles à adopter des sources d’énergie plus propres et à développer les énergies renouvelables.
Le plan prévoit par ailleurs l’extension du mécanisme de sauvegarde existant, l’arrêt de l’exploitation forestière des forêts anciennes, et fixe pour objectif que la moitié des véhicules vendus d’ici 2035 soient électriques.
Entre ambition climatique et pragmatisme économique
Les groupes environnementaux, bien que saluant l’initiative, se montrent déçus. L’Australian Conservation Foundation a qualifié l’objectif de « timide », tandis que le Smart Energy Council estime que 70 % devrait être le minimum absolu plutôt qu’un plafond.
Les critiques les plus acerbes proviennent des défenseurs des États insulaires du Pacifique, pour qui chaque fraction de degré supplémentaire peut être synonyme de catastrophe.
« Tout plan sans stratégie de sortie du charbon, du pétrole et du gaz n’est pas un plan climatique, c’est un déni de justice climatique. Les peuples du Pacifique subissent déjà les pertes causées par chaque fraction de degré supplémentaire de réchauffement », a dénoncé Fenton Lutunatabua, de l’organisation 350.org, selon Le Monde.
À l’opposé, les organisations patronales expriment leurs inquiétudes quant aux impacts économiques potentiels. Innes Willox, directeur général de l’Australian Industry Group, reconnaît que l’objectif de 62 à 70 % est réalisable, mais exige des efforts concentrés pour faire de l’Australie une destination attractive pour les investissements.
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