
Le fonds néerlandais met fin à son investissement dans les fonds d’action gérés par le géant américain en raison de désaccords sur la gestion des enjeux environnementaux. L’enjeu financier s’élève à 14,5 milliards d’euros.
Pour une structure qui dispose de plus de 11,5 billions de dollars d’actifs sous gestion – selon les chiffres de 2024 –, le départ du Pensioenfonds Zorg en Welzijn (PFZW) et ses 14,5 milliards d’euros représente certes une goutte d’eau. Mais le symbole n’en demeure pas moins retentissant.
Car derrière cette décision se cache un enjeu crucial pour la réputation des grands groupes : la question de la durabilité. PFZW reproche en effet à BlackRock un déficit d’engagement sur cette question, avec en toile de fond la réduction par le fonds d’investissement de son soutien aux résolutions climatiques.
En 2025, le gestionnaire d’actifs n’a soutenu que 2% des propositions environnementales et sociales des actionnaires, contre 4% l’année précédente. BlackRock justifie cette baisse en arguant que nombre de ces propositions étaient « trop prescriptives » ou manquaient de « mérite économique ».
Mais pour PFZW, une telle évolution est inacceptable. « Il devient de plus en plus difficile de s’aligner avec les gestionnaires d’investissement américains sur les votes« , souligne un porte-parole de PGGM, la société qui gère les actifs du fonds de pension néerlandais, dans les colonnes de Reuters.
Un engagement réaffirmé
Cette position illustre la divergence grandissante entre les deux rives de l’Atlantique sur les pratiques ESG (Environnement, Social, Gouvernance), particulièrement depuis la réélection de Donald Trump.
Sous pression de la Maison Blanche embarquée dans le déroulement de son agenda conservateur, de nombreuses entreprises américaines ont en effet revu à la baisse l’importance accordée aux critères de durabilité et d’inclusion (les fameux DEI).
Les Pays-Bas évoluent dans la direction opposée, avec une pression croissante exercée sur les fonds de pension pour qu’ils abandonnent les gestionnaires insuffisamment engagés sur le climat.
De fait, PFZW a profité de cette rupture pour opérer une refonte complète de sa stratégie d’investissement. Le fonds a abandonné la gestion passive de ses 50 milliards d’euros d’investissements boursiers au profit d’une approche active, lui permettant une plus grande flexibilité dans les décisions d’achat et de vente.
Une nouvelle stratégie d’investissement actif
Le groupe s’est en outre retiré de 2 600 entreprises pour ne conserver que 756 sociétés dans son portefeuille. « Pour les cinq prochaines années, nous visons un meilleur équilibre entre notre besoin de bons rendements, de risques acceptables et de durabilité« , explique Ellen Habermehl, son porte-parole, à Reuters.
Face à cette situation, BlackRock assure que ses « clients néerlandais continuent d’investir à travers BlackRock pour atteindre leurs objectifs d’investissement durable ». Le géant américain rappelle qu’il gère plus de 1 000 milliards de dollars d’actifs durables et de transition, et que certains clients peuvent décider eux-mêmes de leurs modalités de vote.
Le cas PFZW n’est pourtant pas isolé. En juin dernier, la Sierra Club Foundation américaine avait déjà annoncé le retrait de 10,5 millions de dollars d’actifs, reprochant à la firme fondée par Larry Fink de ne pas exercer suffisamment de pression sur les entreprises de son portefeuille concernant le climat.
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