
L’expérience démocratique lancée par Emmanuel Macron en 2020 pour dessiner une transition écologique juste n’aura finalement été qu’une opération de communication. Cinq ans après, le constat est amer.
Le samedi 21 juin 2025 a marqué le cinquième anniversaire de la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC), cette expérience démocratique inédite lancée par Emmanuel Macron avec 150 Français tirés au sort pour dessiner la transition écologique du pays.
Si certains participants contactés par Le Monde ont prévu de marquer le coup, l’heure n’est pas à la réjouissance. Beaucoup ont certes changé de vie depuis, mais leurs recommandations n’ont eu aucun impact sur les politiques publiques.
Tous partagent le même sentiment amer sur cette expérience qu’ils chérissent pourtant : celle de promesses non tenues. « Mascarade », « gâchis », « sabotage », « trahison », « fausses promesses », « catastrophe », « échec » : les mots sont durs dans la bouche de ces citoyens interrogés par Le Monde.
En cause, le recul de la conscience écologique en France, alimenté par l’offensive de la droite et de l’extrême droite, avec la complaisance d’une partie de la gauche. En plus de la dilution des 150 mesures que les « citoyens » avaient portées.
Du rêve à l’amertume
Pire, le président semble assister impuissant, à cette régression. Lui qui avait pourtant promis, comme le rappelle Sylvain Burquier, l’un des 12 anciens « conventionnels » interrogés par le quotidien du soir, « que le quinquennat serait écologique ou ne serait pas ».
« Sur ce sujet, il est en dessous de tout, comme le gouvernement. Je ne sais pas si le Premier ministre sait qu’il a une ministre de la transition écologique », lance ce publicitaire de 51 ans.
« Vous ne dites rien. Vous laissez faire. Vous regardez se déliter ce qui fut, aussi, votre propre cap. Ce n’est pas seulement un recul politique. C’est une désertion morale collective », écrit Grégoire Fraty, devenu secrétaire général du parti Renaissance dans le Calvados après la CCC, dans une lettre adressée à Emmanuel Macron le 29 mai dernier.
Des passages du côté extrême
Parmi les causes de cette désillusion figurent la suspension de l’aide MaPrimeRénov’ pour les grandes rénovations énergétiques, la suppression de la zone à faible émission ou encore les barrages à l’objectif de zéro artificialisation nette.
Ces reculs successifs ont émoussé l’ardeur de nombreux conventionnels. « J’ai dû mettre de l’eau dans mon vin par rapport à nos mesures », confie Mélanie Cosnier, maire de Souvigné-sur-Sarthe et l’une des rares participantes à avoir réussi sa reconversion politique, confrontée aux obstacles pour impulser une dynamique climatique.
Le cas le plus extrême reste celui de cet ancien conventionnel redevenu climatosceptique, pour qui les présentations scientifiques auxquelles il avait assisté semblent désormais bien lointaines.
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