Comment préserver les fonds marins du pillage ?

La conférence internationale sur les océans devrait se pencher sur les mesures de protection tant attendues des fonds marins de l’exploitation industrielle.

Comment concilier les besoins croissants en métaux rares pour la transition énergétique avec la préservation d’écosystèmes irremplaçables ? L’enjeu est majeur alors qu’entreprises et États, face à l’épuisement des ressources terrestres, se tournent désormais vers les abysses océaniques.

Au cœur de ces fonds marins gisent en effet, des concrétions minérales renfermant des métaux stratégiques comme le cobalt, le nickel ou le cuivre. Mais accéder à ces précieuses ressources situées à plusieurs milliers de mètres de profondeur représente un défi considérable à plusieurs niveaux.

Cette exploitation menace des écosystèmes développés sur des millions d’années dans des conditions extrêmes et qui jouent un rôle crucial dans le stockage du carbone, par exemple. Ces zones abritent également une biodiversité largement méconnue qui pourrait disparaître avant même d’être étudiée.

Les coûts environnementaux à long terme pourraient donc largement dépasser les bénéfices immédiats, d’autant que des alternatives comme le recyclage intensif ou la sobriété technologique restent insuffisamment explorées.

Les nations unies en première ligne

D’où le rôle crucial de la communauté internationale pour préserver ces espaces, particulièrement ceux situés en eaux internationales et qui par conséquent n’appartiennent à aucun État.

La Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC) du 9 à 13 juin à Nice représentent ainsi une occasion d’agir, d’autant que le One Ocean Science Congress (OOSC) organisé en amont (3-6 juin) toujours sur la côte d’Azur, a souligné l’urgence de la situation.

« On espère que tous les Etats qui soutiennent un moratoire réaffirmeront leur position et surtout, étant donné les développements récents, que d’autres pays les rejoindront », affirme Emma Wilson, chargée de plaidoyer de la Coalition pour la conservation des fonds marins, auprès du Monde, alors que l’établissement d’un code minier applicable à ces zones est ralenti par des intérêts divergents.

Pendant ce temps, l’entreprise canadienne The Metals Company s’illustre par une offensive sans précédent sur ces eaux internationales.

Le risque d’un far-west des profondeurs

L’entreprise a ainsi décidé fin mars, face à la lenteur des négociations au sein de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), de solliciter une autorisation d’exploitation auprès des États-Unis, arguant de connaissances suffisantes pour « gérer les risques environnementaux ».

Un acte « inadmissible et inacceptable », selon la ministre française de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, qui l’assimile « à de la piraterie environnementale ». Cette protestation n’a pas dissuadé le président américain Donald Trump, qui a signé le mois suivant un décret visant à « libérer les minéraux et ressources critiques offshore de l’Amérique », y compris ceux des fonds marins.

Face à ces manœuvres, le projet de déclaration politique de l’UNOC reste prudent et se contente de souligner « l’importance de l’élaboration et de la normalisation en cours » au sein de l’AIFM.


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