
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a vivement dénoncé dimanche 1er juin la suppression de ce dispositif destiné à limiter la circulation des véhicules polluants pour améliorer la qualité de l’air et lutter contre le réchauffement climatique.
Son cabinet avait jugé la mesure « regrettable » selon les propos rapportés par le journal Le Monde jeudi 29 mai. Elle-même monte désormais au créneau.
Invitée ce dimanche 1er juin de l’émission « Questions politiques » sur France Inter, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher n’a pas mâché ses mots à propos de la suppression des zones à faibles émissions (ZFE) votée le 28 mai dernier par l’Assemblée nationale.
Créées en 2019 dans le cadre de la loi climat et résilience, ces zones visent à améliorer la qualité de l’air et à limiter la pollution atmosphérique en restreignant la circulation de certains véhicules parmi les plus polluants.
Cet outil à la fois écologique et sanitaire, actuellement déployé dans 24 agglomérations françaises, fait désormais l’objet de vives critiques, notamment l’accusation de créer une fracture sociale entre citoyens capables de se procurer un véhicule « propre » et ceux qui ne le peuvent pas, selon les détracteurs du dispositif.
Une violente charge, entre « démagogie » et « cynisme »
Il s’agit, d’après la ministre citée par Le Monde, d’une forme de « démagogie » consistant à raconter aux personnes aux revenus modestes « que parce qu’ils avaient une vieille voiture, ils ne pourraient plus aller dans aucune grande agglomération, (…) c’est absolument faux ».
L’indignation de Pannier-Runacher est d’autant plus grande que des députés de son propre camp ont voté contre ces ZFE – 98 voix contre 51 –, de même que la gauche incarnée par La France insoumise (LFI).
« On est dans une situation où là encore, le cynisme le dispute au déni et je dirais à la lâcheté », a-t-elle cinglé, dénonçant une « alliance de circonstance » entre le Rassemblement national (RN), Les Républicains (LR) et LFI. Selon elle, l’adhésion de ces derniers s’explique par le fait « qu’ils ont beaucoup de députés dans des zones à faible émission ».
Un acte aux lourdes conséquences
« Ils sont portés par une forme de lâcheté et de déni et leur position est plutôt de fermer les yeux », a encore martelé Agnès Pannier-Runacher concernant les députés, alors que ses nombreux efforts – alerte sur l’urgence d’une régulation de la qualité de l’air, amendement visant à limiter leur obligation à quelques agglomérations – pour sauver les ZFE auront été vains.
Avec cette suppression des ZFE, c’est le retour annoncé de plus de 2,7 millions de véhicules très polluants dans la circulation selon une estimation du Monde, avec des conséquences largement documentées sur la santé des populations et l’environnement.
À cela s’ajoute la menace de sanctions par la Cour de justice de l’Union européenne pour non-respect des normes de qualité de l’air, la France ayant déjà écopé d’une astreinte de 40 millions d’euros infligée entre 2021 et 2023 par le Conseil d’État.
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