À Madagascar, l’autoroute de la discorde

Le principal projet d’infrastructure du pays, vanté par les autorités comme un levier essentiel de développement, suscite de vives inquiétudes en raison de ses impacts sociaux et environnementaux.

Comment concilier la modernité et le patrimoine naturel ? Cette question épineuse pour toute nation engagée sur la voie du développement est au cœur des préoccupations à Madagascar. Ce pays situé au large de la côte sud-est de l’Afrique est divisé face au projet de construction de sa première autoroute nationale.

Portée par le président Andry Rajoelina, l’infrastructure de 260 km doit relier la capitale Antananarivo à Toamasina (également appelée Tamatave), deuxième ville et principal port du pays. De quoi ouvrir des perspectives nouvelles à toute la région concernée et au-delà en termes d’accessibilité.

Le trajet actuellement estimé entre 8 et 10 heures en voiture devrait être réduit à environ 2,5 heures après la fin des travaux, selon les prévisions officielles. Autant dire une révolution logistique pour cette île où les infrastructures routières sont notoirement déficientes.

Mais cela n’est pas du goût de tout le monde, comme Le Monde a pu le constater à travers un récent reportage réalisé sur place. Les riverains dénoncent un chantier périlleux pour leurs cultures et des expropriations sans compensation, malgré les promesses des autorités.

Une biodiversité menacée

Par ailleurs, le volet environnemental cristallise particulièrement les tensions. Des ONG de défense de l’environnement dénoncent en effet, un projet destructeur pour 10 % des forêts primaires de Madagascar. Craignant un empiétement du tracé sur la Colline royale d’Ambohimanga, site classé depuis 2001 par l’Unesco, même l’organisation onusienne a dû réagir.

« En donnant accès au cœur de la forêt, l’autoroute apporterait plus d’activités destructrices que de développement : culture sur brûlis, trafics, exploitation minière illicite… », écrivait il y a quelques mois, cette coalition d’ONG, dont le Fonds mondial pour la nature (WWF), dans un communiqué cité par Le Monde ;

Des préoccupations qui demeurent malgré un changement du tracé par les autorités. « La construction de l’autoroute pourrait entraîner le développement de nouvelles zones urbaines, augmentant la pression sur les écosystèmes environnants », point encore Corinne Huynh Rahoeliarisoa, coordinatrice de la Coalition nationale de plaidoyer environnemental.

Des contradictions politiques

Dans un pays comme Madagascar, ce débat a une résonance au-delà des frontières nationales. La Grande île revêt une importance décisive pour la biodiversité mondiale en raison de sa richesse et de son unicité en matière d’espèces végétales et animales.

Environ 90% des espèces animales et 80% des espèces végétales de l’île sont uniques et ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde.

« Aucun pays ne peut dire qu’il concilie parfaitement protection de l’environnement et développement« , clame le ministre de l’Environnement, Max Andonirina Fontaine, alors que Madagascar se positionne vis-à-vis de l’étranger comme un bon élève en matière de préservation de planète.


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