En Iran, les manifestations s’étendent aux écolières

Une femme assise dans la pénombre, les cheveux coupés.
Image par Shima Abedinzade de Pixabay

 

Après les femmes et les étudiants, les manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini en Iran s’étendent désormais aux écolières. Depuis le début de cette semaine, elles défilent dans les rues pour protester contre le régime iranien. Dépassé par les évènements, Téhéran accuse les Occidentaux de manipuler sa jeunesse.

A l’image de leurs grandes sœurs, tantes et mamans, les jeunes filles iraniennes ont décidé de braver le pouvoir conservateur de leur pays. Depuis le lundi 3 octobre, elles rejoignent les manifestations pour protester contre la mort de Mahsa Amini. Cette Kurde de 22 ans a trouvé la mort le 16 septembre dernier, après avoir été arrêtée par la police des mœurs. Cette brigade a pour mission de faire respecter le code vestimentaire strict, que la jeune femme aurait violé.

Au moins 60 morts recensés en semaines

Sa mort, probablement consécutive à un violent coup à la tête, a déclenché des émeutes partout en Iran. Les protestations ont débuté avec les femmes, qui ont été rejointes peu après par les jeunes étudiants solidaires. Ces rassemblements ont fait l’objet d’une violente répression de la part de la police antiémeute. L’ONG Iran Human Rights recense au moins 92 personnes tuées depuis le 16 septembre. Les autorités nationales, elles, annoncent environ 60 morts. Parmi lesquels 12 membres des forces de sécurité et des Gardiens de la Révolution. On compte aussi un millier de manifestants arrêtés. Mais plus de 620 d’entre eux auraient été relâchés.

Au cri du slogan «Femme, vie, liberté»

Aux côtés de leurs aînés, les écolières iraniennes battent le pavé depuis ce lundi. Près de Téhéran, la capitale, plusieurs de ces adolescentes ont marché dans les rues, la tête non voilée. Elles scandaient notamment « Mort au dictateur» (en référence au guide suprême Ali Khamenei) et « Femme, vie, liberté », le slogan adopté pour le mouvement de protestation. Ces manifestations courageuses, jamais vues depuis la Révolution de 1979, perturbent désormais les cours.

En effet, l’Université de technologie Sharif, l’équivalent de Polytechnique en France, a dû fermer ses portes lundi suite à des incidents survenus la veille entre étudiants et forces de sécurité. L’ONG Iran Human Rights Watch fait part de courses-pousuites dans le parking souterrain de l’établissement. Elle dénonce surtout l’usage excessif de la force, à travers des armes à feu. Mais certaines sources policières font uniquement cas de tirs au painball, de lancement de billes d’acier et de gaz lacrymogène.

Les Etats Unis et Israël pointés du doigt

Acculé, le régime iranien accuse des forces extérieures de manipuler sa jeunesse. Le procureur général Mohammad Jafar Montazeri a pointé l’influence des réseaux sociaux. Tandis que le ministre de l’Education Yousef Nouri soupçonne l’étranger de prendre pour cible les universités et les écoles nationales. Téhéran, qui attribue la mort de Mahsa Amini à une tumeur cérébrale, accuse la France, Israël et les Etats Unis. Le jeudi, les autorités iraniennes ont publié une vidéo dans laquelle deux Français, présentés comme des agents de renseignements de la DGSE avouent leur implication dans les troubles actuels.


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