Dans plusieurs villes du monde, comme sur les réseaux sociaux, un cri de ralliement résonne depuis la fin du mois de mai : « Black Lives Matter » (« Les vies noires comptent » ou « Les vies des Noirs comptent »). Les manifestants de tous âges scandent ce slogan pour protester contre la mort de George Floyd, un Afro-américain de 46 ans, asphyxié par un policier blanc lors de son interpellation le 25 mai à Minneapolis (Etats Unis).
Initié en juillet 2013 par trois femmes américaines (Alicia Garza, Patrisse Cullors et Opal Tometi), pour dénoncer le racisme et les violences policières, le mouvement militant Black Lives Matter a pris une dimension mondiale ces deux dernières semaines. La mort de George Floyd lors de son interpellation par la police à Minneapolis (Etats Unis) a été l’élément déclencheur d’une prise de conscience générale sur la question raciale.
Un mouvement totalement fédérateur
De Washington à Tokyo en passant par Londres, Paris et Sydney, des millions de gens (blancs, noirs, asiatiques, arabes) ont participé à des manifestations pour crier leur colère contre les violences policières et le racisme. Cette prise de conscience mondiale de la condition des personnes noires a largement imprégné les réseaux sociaux. Même l’application en vogue TikTok, dédiée aux challenges autour de la danse et de la musique, est devenu la plaque tournante de la protestation en ligne. Au moins huit milliards de vidéos ont été vues avec le hashtag #BlackLivesMatter, qui fait partie des tendances les plus populaires depuis fin mai. Ce virage militant de TikTok prouve que les adolescents savent aussi s’intéresser aux défis sociaux de leur époque.
Vivons-nous un printemps noir ?
En France, le meurtre de George Floyd a exhumé d’anciennes colères comme celle autour d’Adama Traoré, décédé à la suite de son interpellation en juillet 2016. Sa famille a réactivé ce dossier et appelé ces derniers jours à des manifestations dans toute la France pour que la vérité éclate enfin. De même, les Français manifestent contre les violences policières, une autre problématique liée au racisme. Certains protestataires vont même plus loin, pour s’attaquer à l’histoire du racisme. En effet, un mouvement « des statues » a surgi en Europe pour effacer de l’espace public les monuments à l’effigie de colonisateurs ou d’esclavagistes. La statue du Roi belge Léopold II a ainsi été déboulonnée à Anvers. Par cet acte, les militants de Black Lives Matter ont lancé le débat sur un passé colonial et impérialiste occulté, pour mieux dénoncer des inégalités persistantes.
Vu l’ampleur du mouvement, de nombreux observateurs font un rapprochement avec le printemps arabe. Selon eux, nous assistons à un printemps noir, pour restaurer la dignité d’une race martyrisée tout au long de son histoire.
Poster un Commentaire