Un rapport des Nations unies alerte sur la vulnérabilité des plus vulnérables aux dérèglements climatiques. Leur précarité rend chaque phénomène extrême plus dévastateur, nourrissant un cycle de fragilité dont ils peinent à s’extraire.
Il n’est guère surprenant de constater un lien fort entre grande précarité et exposition accrue aux perturbations climatiques, mais les chiffres impliqués n‘en restent pas moins alarmants.
D’après le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), près de 80% des personnes touchées par la pauvreté multidimensionnelle — soit 887 millions sur les 1,1 milliard dans le monde — font directement face à des risques liés aux dérèglements climatiques.
Parmi ces menaces figurent chaleur extrême, inondations, sécheresses et pollution atmosphérique. 651 millions cumulent au moins deux dangers, 309 millions en affrontent trois ou quatre, et, pour 11 millions, tous ces risques se sont matérialisés au cours d’une même année.
Le rapport, présenté le 17 octobre par le PNUD et l’Oxford Poverty and Human Development Initiative, entend, selon ses auteurs, « combler un vide de longue date dans la connaissance des interactions entre précarité et phénomènes climatiques extrêmes ».
L’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud, foyers de la crise silencieuse
L’étude met en exergue deux régions particulièrement touchées par cette conjonction de fléaux, en l’occurrence l’Afrique subsaharienne, qui recense 565 millions de personnes concernées, et l’Asie du Sud, qui en compte 390 millions.
Le paradoxe est cruel pour l’Asie du Sud. Alors que la région était parvenue à sortir des millions d’habitants de l’extrême pauvreté au cours des dernières décennies, elle voit désormais 99,1 % de sa population défavorisée exposée à au moins un aléa climatique d’ampleur.
« Les pays à revenu intermédiaire constituent un épicentre caché de la pauvreté multidimensionnelle, abritant près des deux tiers de toutes les personnes pauvres. Et c’est également là que la crise climatique et la pauvreté convergent de manière notable », explique Sabina Alkire, directrice de l’Initiative de l’université d’Oxford sur la pauvreté et le développement humain, auprès d’UN News.
L’impératif d’une justice climatique pour briser le cercle vicieux
Pour les auteurs du rapport, la multiplication des catastrophes naturelles exige une refonte des stratégies internationales. Il ne s’agit plus seulement de réduire la pauvreté ou d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre, il faut désormais allier la lutte sociale à l’adaptation et à la résilience climatique.
Cela requiert des investissements massifs dans la santé, l’éducation et des infrastructures résilientes, ainsi que la promotion d’innovations à même de protéger davantage les communautés à risque. À l’approche de la COP30, le PNUD appelle à une mobilisation sans précédent, exhortant les décideurs à considérer chaque mesure climatique comme une opportunité majeure de progrès humain.
« Lorsque les dirigeants mondiaux se réuniront au Brésil pour la Conférence sur le climat, la COP30, le mois prochain, leurs engagements climatiques nationaux doivent revitaliser les progrès de développement stagnants qui menacent de laisser pour compte les populations les plus pauvres du monde », insiste Haoliang Xu, administrateur par intérim du PNUD.

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