Une feuille de route anti-climat pour la finance

L’initiative Science Based Targets (SBTi) dévoile une nouvelle révolutionnaire pour guider les banques vers la neutralité carbone.

Dans une démarche qui pourrait contribuer à verdir la finance mondiale, l’initiative Science Based Targets a lancé le 22 juillet dernier son standard finalisé pour les institutions financières, dont les banques, les gestionnaires d’actifs, les assureurs et autres fonds de capital-investissement.

Le document baptisé « Financial Institutions Net Zero (FINS) » vise à inciter ces entités à aligner leurs activités sur la neutralité carbone. Cette démarche est cruciale, car ces institutions financent massivement l’économie réelle.

En finançant des entreprises pétrolières et gazières, les banques contribuent indirectement aux émissions de gaz à effet de serre à travers ce qu’on appelle les « émissions financées », soit la majeure partie de leur impact climatique total, bien plus que leurs propres consommations énergétiques directes.

Le nouveau FINS complète le standard corporate net zéro de 2021, qui couvrait déjà les émissions de scope 1, 2 et la majorité des émissions de scope 3. Il impose l’arrêt immédiat du financement de l’expansion fossile et l’abandon progressif du financement général des entreprises impliquées dans cette expansion.

Des exigences strictes entre combustibles fossiles et déforestation

« Les institutions financières ont la capacité de jouer un rôle transformateur dans la transition vers la neutralité carbone. Leur influence sur l’économie mondiale et leur capacité d’engagement avec leurs portefeuilles sont inégalées pour accélérer cette transition« , souligne Alberto Carrillo Pineda, directeur technique de la SBTi, interrogé par le Wall Street Journal.

Le cadre préconise l’arrêt du financement non-fléché des compagnies pétrolières et gazières engagées dans l’expansion, avec une échéance absolue fixée à 2030. Au-delà des combustibles fossiles, il introduit une dimension supplémentaire avec l’objectif « zéro déforestation », aspect souvent négligé dans ce type de framework.

Cette mesure reconnaît le rôle indirect, mais crucial du secteur financier dans la préservation des forêts mondiales. Elle oblige les institutions à évaluer et publier leur exposition à la déforestation d’ici 2030. Si cette exposition s’avère significative, elles devront élaborer un plan de réduction et intégrer ces objectifs dans leur stratégie à cinq ans.

Un contexte de repli généralisé

Le standard exige une évaluation de référence exhaustive pour chaque activité financière concernée. Cela inclut un inventaire complet des émissions de gaz à effet de serre, le degré d’alignement climatique de chaque activité et le ratio entre exposition aux énergies propres et aux combustibles fossiles.

Les entreprises peuvent choisir de se concentrer sur l’alignement net zéro de leurs clients ou d’augmenter la part d’activités financières alignées sur le climat dans leur portefeuille, comme alternative à la définition de trajectoires d’émissions financées.

Cette flexibilité pourrait encourager l’adhésion dans un contexte où de nombreux groupes financiers, notamment américains, abandonnent successivement les initiatives climatiques depuis le retour de Donald Trump à la présidence, sous une pression politique considérable.


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