
L’Empire du Milieu accélère la transition écologique de son industrie touristique, secteur stratégique de son économie.
En Chine, l’écotourisme n’est pas un vain mot. Promu par l’État dès les années 1990 comme le relève Reuters, ce concept est désormais très intégré dans la chaîne de valeur du secteur touristique du pays, d’après un nouveau reportage de l’agence de presse britannique réalisé sur place.
Des initiatives innovantes sont ainsi notées à tous les niveaux, des plateformes de réservation de voyage aux acteurs de la restauration, sans oublier l’aviation ou encore le secteur du divertissement. Dans ce tableau vertueux, l’aéroport international de Daxing situé à 46 kilomètres au sud du centre-ville de Pékin, la capitale, s’illustre particulièrement.
L’infrastructure inaugurée en 2019 comprend en effet un système géothermique ingénieux destiné à transformer sa gestion énergétique à travers à un principe de fonctionnement qui s’adapte aux saisons.
De l’eau naturellement chauffée est ainsi acheminée par le sous-sol vers le terminal en hiver afin de maintenir bureaux et pistes à température agréable. En été, le bâtiment est refroidi grâce à une production de glace dans une station souterraine.
Des initiatives transversales
D’après Reuters, ce dispositif de 210 millions de dollars permet désormais à l’aéroport de puiser 12,5% de l’énergie nécessaire à son chauffage et à sa climatisation dans des ressources renouvelables. De quoi réaliser une réduction annuelle d’environ 2 000 tonnes d’émissions de carbone, à en croire Feng Guannan, un des ingénieurs impliqués dans son exploitation.
L’éolien, le solaire ainsi que le SAF (pour Sustainable Aviation Fuel), du nom du carburant d’aviation durable décrit comme une alternative au kérosène fossile, sont également intégrés à cette transformation énergétique favorisée par l’État à travers diverses incitations financières.
L’objectif est notamment de faire de l’industrie touristique, dont les émissions de CO2 en Chine varient selon les sources (6 à 8% des émissions nationales totales en 2023 pour le cabinet de conseil McKinsey & Company ; entre 1,65 et 4,71% selon le fournisseur de services de gestion de carbone basé à Pékin, Carbonstop), l’un des fers de lance de la révolution verte du pays.
Un enjeu également financier
Pour un secteur représentant le deuxième plus important au monde après celui des États-Unis, l’enjeu s’avère également financier au-delà de l’écologie. En effet, le tourisme a généré 1 300 milliards de dollars du PIB chinois en 2023, selon le Conseil mondial du voyage et du tourisme.
Cette stratégie contribue par ailleurs à relativiser l’image d’une Chine peu encline à la transition écologique trop souvent répandue en dehors du pays, notamment en raison de sa part estimée à 31% en 2023 dans les émissions de dioxyde de carbone au niveau mondial.
Mais le public n’est pas à l’abri du « greenwashing » (fausses promesses écologiques), comme l’ont constaté à leurs dépens, les usagers d’Air China l’année dernière. La compagnie a prétendu offrir des « vols neutres en carbone » alors que ce n’était pas vraiment le cas.
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