France : les agents de l’environnement sortent les griffes

L’Office français de la biodiversité proteste contre de récents propos du premier ministre François Bayrou, perçus comme le dernier en date de nombreuses attaques contre lui.

Branle-bas de combat à l’Office français de la biodiversité (OFB). Dans un geste d’une ampleur considérable, des organisations syndicales (SNE, FSU, FO, CGT, Unsa, EFA-CGC) appellent vendredi 17 janvier, à une grève partielle et à un arrêt total de leurs missions de contrôle.

« En réponse à la remise en cause incessante de nos missions et afin d’éviter de commettre des “fautes”, l’intersyndicale demande à l’ensemble des personnels de rester au bureau », indique les organisations citées plus haut, dans un communiqué parcouru par Le Monde.

Cela implique la suspension de toutes les opérations en lien avec le monde agricole, l’interruption de la transmission d’avis techniques, et le boycott des réunions en préfecture sur les questions agricoles. Il s’agit d’un plan d’action à la hauteur de la frustration de l’OFB ces derniers temps.

En effet depuis plusieurs mois, cette jeune institution publique au rôle central dans la protection de l’environnement en France à travers une surveillance du respect des normes entre autres, est fréquemment prise à partie au sein de l’opinion.

Le feu aux poudres

D’abord de la part de certains syndicats agricoles, notamment la FNSEA et la Coordination rurale, qui dénoncent des contrôles jugés excessifs et réclament le désarmement des inspecteurs de l’environnement.

Point d’orgue de cette tension persistante, la fin 2024 a vu comme le rappelle Le Monde, une cinquantaine d’agressions et d’attaques recensées contre les personnels et les locaux de l’Office lors des manifestations agricoles. C’est dans ce contexte que le premier ministre François Bayrou a mis le feu aux poudres il y a quelques jours.

Lors de sa déclaration de politique générale du 14 janvier à l’Assemblée nationale, le nouveau chef du gouvernement a ainsi qualifié d' »humiliation » et de « faute » la présence d’agents armés lors des contrôles dans les exploitations agricoles.

De quoi faire montrer d’un cran, la tension dans les rangs cet établissement public, un acteur majeur de la transition écologique en France.

Des enjeux sous-jacents ?

« Le premier ministre, qui a outrepassé ses fonctions en se faisant le porte-parole de syndicats agricoles, doit se reprendre et réparer sa faute. Il est intolérable que le deuxième plus haut représentant de l’Etat attaque directement un établissement public dont les missions sont dictées par la loi, et qui consistent à faire respecter le code de l’environnement », rétorque Sylvain Michel, représentant CGT à l’OFB, dans des propos rapportés par Le Monde.

La présidente du conseil d’administration de l’OFB, Sylvie Gustave-dit-Duflo, rappelle pour sa part qu’avec seulement 1 700 inspecteurs de l’environnement, la probabilité pour une exploitation agricole d’être contrôlée n’est que d’une fois tous les cent-vingt ans.

« Lorsque le premier ministre prend directement à partie l’OFB sans avoir pris la peine de s’intéresser à nos missions, à ses enjeux, c’est inconcevable, c’est une faute », a-t-elle déclaré, reprise toujours par Le Monde.


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