France : L’agrivoltaïsme en débat

L’installation de panneaux photovoltaïques au-dessus des cultures cristallise les tensions entre agriculteurs, élus et énergéticiens, dans de nombreux territoires hexagonaux.

Dans la vallée normande d’Héronchelles, un conflit agite actuellement la communauté locale, mettant notamment en scène Emmanuelle Lemaître. Cette bergère a en effet vu son projet d’installation de près de 9 000 panneaux solaires sur l’une de ses parcelles – de 5 hectares – vivement contesté.

Une opposition incarnée au plus haut point à la fois par le maire Jean-Luc Poyen et par Hervé Morin, président de la région Normandie, chacun faisant valoir des arguments différents pour soutenir sa position.

« Poser du photovoltaïque sur le toit de bâtiments agricoles, aucun souci, mais ça n’a pas sa place en pleins champs où ça va tout dénaturer », indique par exemple l’édile, dans les colonnes du journal Le Parisien. Une position partagée par Martial selon lequel « on a déjà suffisamment de zones bétonnées comme ça en France ».

Comme le rapporte Le Parisien, l’histoire d’Emmanuelle n’est pas isolée. Partout en France, les projets d’agrivoltaïsme – cette pratique consistant à installer des panneaux photovoltaïques au-dessus de terres agricoles – se heurtent à des résistances autant qu’ils se multiplient.

Aubaine économique ou menace pour les terroirs

En effet, les terres agricoles n’utiliseraient qu’environ un tiers de la lumière solaire reçue. Or, il suffirait de couvrir 300 000 hectares de champs pour produire l’équivalent de toute  par les centrales nucléaires françaises selon Le Parisien.

Autant dire qu’il s’agit pour les entreprises du secteur, d’un gisement d’énergie verte extrêmement attractif. Certains opposants y voient en revanche, une atteinte à la beauté des paysages traditionnels, d’autres une trahison de la vocation nourricière de l’agriculture.

Sans oublier ceux qui pointent un risque pour la biodiversité locale.Pour Emmanuelle cependant, l’équation semble simple : les 18 000 euros de revenus annuels générés par ses panneaux dans le cadre d’un programme animé par la spécialiste de l’électricité renouvelable H2air, assureraient la pérennité de son élevage ovin.

De quoi permettre à son fils de reprendre l’exploitation sans « s’endetter lourdement ». Un facteur décisif pour cette famille de bergers depuis six générations. « Ce serait un revenu garanti« , affirme-t-elle au quotidien francilien.

Pour une régulation de la pratique

D’après Aurélien Petit, responsable du projet prévu sur les terres d’Emmanuelle, « environ 6 000 mégawatts d’électricité verte y seraient produits chaque année, capables d’alimenter l’équivalent de 2 500 personnes, tout en ramenant des animaux, de l’ombre et des haies dans un champ où il n’y en a pas aujourd’hui ».

« Dans mon département de la Vienne, il y a 94 dossiers déposés pour pouvoir installer 2 000 hectares de panneaux. C’est beaucoup trop« , s’alarme de son côté le député MoDem Pascal Lecamp, porteur d’une proposition de loi visant à encadrer le développement de l’agrivoltaïsme.

Le texte introduit en février dernier à l’Assemblée nationale suggère entre autres de limiter la puissance des projets agrivoltaïques à 5 MWc (mégawatts crête) par exploitation afin de préserver les intérêts agricoles et énergétiques.


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