Le transport maritime entre dans l’ère de la tarification carbone

Les acteurs viennent d’établir la première norme mondiale d’émissions de CO2 pour le secteur maritime, assortie d’un système de malus-bonus destiné à pénaliser ou récompenser les navires selon qu’ils respectent ou non ces nouvelles limites.

L’Organisation Maritime Internationale (OMI) a franchi ce vendredi 11 avril 2025, une étape cruciale dans la lutte contre le changement climatique, avec la mise en place d’un cadre d’émissions maximales de dioxyde de carbone (CO2) par les États membres à partir 2028.

Au-delà de ce seuil, les navires épinglés se verront imposer une redevance de 380 dollars par tonne métrique sur chaque tonne supplémentaire de CO2. À cela s’ajoute une pénalité de 100 dollars par tonne pour les émissions dépassant une limite plus stricte.

Les normes de base exigent que les navires réduisent l’intensité des émissions de leurs carburants de 8% d’ici 2030 par rapport à une base de référence de 2008, tandis que la norme plus stricte impose une réduction de 21%.

Le niveau des exigences devrait monter d’un cran à partir de 2035 avec une réduction des émissions fixée à 30%, contre 43% pour la norme plus stricte.

Pour une transition énergétique maritime accélérée

Le dispositif qui doit encore recevoir l’approbation finale lors d’une réunion de l’OMI en octobre, devrait générer jusqu’à 40 milliards de dollars de redevances à partir de 2030. De quoi contribuer à rendre plus abordables les coûteux carburants à émission nulle.

Il s’agit de l’ammoniac vert ou du méthanol, deux sources d’énergie sur lesquelles certains observateurs parient afin de parvenir à une réduction des émissions nettes du transport maritime international de 20% d’ici 2030 et à une élimination complète d’ici 2050.

Le transport maritime, responsable d’environ 3% des émissions totales de gaz à effet de serre anthropiques, représente approximativement 11% des rejets de CO2 du secteur mondial des transports dans l’ensemble.

Cela en dit long sur la portée du nouvel accord décrit comme une « étape significative » vers la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris sur le changement climatique. La Chambre internationale de la marine marchande l’a également salué, tout en prévoyant une intensification de la production de nouveaux carburants.

De la division face à l’urgence climatique

Il serait cependant naïf de croire à une adhésion unanime. À en croire des sources proches du dossier consultées par Reuters, les négociations ont mis en lumière des divisions profondes entre les gouvernements sur le rythme à adopter pour réduire l’impact environnemental du transport maritime.

Une proposition défendant une taxe carbone plus forte sur toutes les émissions maritimes, bien que soutenue par les pays insulaires du Pacifique particulièrement vulnérables au changement climatique, l’Union européenne et le Royaume-Uni, a été abandonnée.

L’opposition étant constituée de plusieurs pays, dont la Chine, le Brésil et l’Arabie saoudite. De quoi conduire Ralph Regenvanu, ministre du climat du Vanuatu à déclarer que les pays avaient « échoué à soutenir un ensemble de mesures qui auraient mis l’industrie maritime sur la voie d’un réchauffement limité à 1,5°C ».


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