En France, les villes s’arment contre le sans-abrisme

Les initiatives se multiplient pour sauver le maximum de personnes de la rue. Le mouvement semble même transcender les colorations partisanes.

Il est des choses, des actes ou engagements qui font refaire confiance en l’humanité. C’est le cas du vent de solidarité qui souffle actuellement sur la France en faveur des personnes sans-abri, dans un contexte où l’hébergement d’urgence se révèle insatisfaisant.

Le dispositif mis en place par l’État avec les collectivités locales et des associations caritatives dans un cadre temporaire, est régulièrement décrié pour son insuffisance. Les 203 000 places offertes à l’échelle nationale étant régulièrement saturées. D’autant que le nombre de sans-domiciles fixes (SDF) se multiplie plus rapidement.

Les dernières données disponibles à cet effet avec le concours de la Fondation Abbé Pierre faisaient état de 330 000 personnes « sans abri, en habitation de fortune, en hébergement collectif, à l’hôtel, en CADA (centre d’accueil pour demandeurs d’asile) ou hébergées dans un logement associatif » en 2023.

Un chiffre qui a plus que doublé depuis 2012 lors que l’Insee l’avait estimé à 141 500, avec une part de plus en plus importante de femmes et d’enfants.

Des approches multiples et variées

« Il y a des demandeurs d’asile, des réfugiés, des déboutés de l’asile, mais aussi des étrangers qui n’arrivent pas à accéder aux préfectures pour faire examiner leur situation administrative », expliquait il y a un an Nathalie Latour, directrice de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) et porte-parole du Collectif des associations unies contre le mal-logement, dans les colonnes du Monde.

De fait, près de 6 000 personnes, dont environ 2 000 enfants sont laissés en rade chaque jour, d’après le journal. De fait, les différentes municipalités se mobilisent autant que faire se peut. Une question de « dignité des personnes », assure la maire socialiste de Nantes Johanna Rolland.

De l’action directe au plaidoyer politique, les approches varient selon les territoires. Certaines créent leurs propres places d’hébergement en mobilisant des bâtiments municipaux ou en finançant des nuitées d’hôtel, tandis que d’autres innovent avec des solutions comme les tiny houses.

Une mobilisation générale

Le système du commodat, permettant l’utilisation temporaire de bâtiments privés inoccupés, est également mis à contribution. Cette mobilisation va au-delà des coteries politiques, impliquant aussi bien les Écologistes que les Socialistes, et même Les Républicains.

« Que dirait l’État si nous, les villes, arrêtions d’ouvrir des écoles ?« , s’indigne Sophia Popoff, adjointe au maire écologiste de Lyon, interrogée par Le Monde. Certaines villes, à l’instar de Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Grenoble et Strasbourg, vont jusqu’à s’engager dans des recours en justice afin de forcer la main à l’État.

Des actions d’autant plus nécessaires qu’une remise en cause des 203 000 places d’hébergement d’urgence ne saurait être écartée face au creusement du déficit budgétaire.


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