Exploitation minière des fonds marins : des motifs d’espoir après le sommet annuel AIFM

Photo de NOAA sur Unsplash

Le congrès de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), qui a eu lieu pendant trois semaines à son siège à Kingston (Jamaïque), s’est achevé le vendredi 2 août dernier. Il offre un bilan mitigé car aucun moratoire n’a été signé, comme l’espéraient les ONG environnementales. Mais, motif d’espoir, de nouveaux pays ont rejoint l’appel à la pause.

Le congrès de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) a eu lieu du 15 juillet au 2 août dernier à Kingston, en Jamaïque. Il a réuni 168 Etats membres, qui ont eu d’intenses négociations pendant trois semaines autour des richesses minières sous-marines. Les discussions devaient aboutir à un code minier pour encadrer les potentielles activités d’extraction en mer profonde, ainsi qu’à un moratoire pour la suspension des projets déjà agréés.

Les fonds marins cachent d’immenses richesses minières

Situé au-dessous de 200 mètres, l’océan est le plus vaste habitat du monde vivant. Comme sur terre, le plancher océanique se compose de plateaux, de chaînes montagneuses, de pics volcaniques, de canyons et de vastes plaines abyssales. Il abrite aussi la plupart des minéraux que l’on trouve sur Terre, souvent sous des formes enrichies, et surtout des minéraux uniques.

Les fonds marins cachent notamment des nodules polymétalliques, qui contiennent une grande variété de métaux. Par exemple le manganèse, le fer, le cuivre, le nickel, le cobalt, le plomb et le zinc. On peut y trouver aussi des concentrations mineures, mais non négligeables, de molybdène, de lithium, de titane et de niobium. Face à l’épuisement des ressources minières dans le sol, les compagnies se tournent vers les minéraux du plancher océanique pour répondre aux besoins de plus en plus importants des êtres humains.

Appel en faveur d’une réglementation internationale des fonds marins

Depuis les années 60, les ressources minérales des grands fonds marins suscitent un regain d’intérêt de la part des gouvernements et des industriels. Craignant que les pays les plus avancés sur le plan technologique ne colonisent les fonds marins, les petits Etats, en particulier les territoires insulaires, ont appelé à une réglementation internationale de cette nouvelle activité. Les ONG environnementales ont également réclamé la rédaction d’un code minier.

Un délai supplémentaire pour rédiger un code minier

Ce texte réglementaire vise à fixer les conditions dans lesquelles des entreprises privées ou étatiques pourraient être autorisées à descendre dans les abysses, notamment avec des robots, afin d’y collecter des métaux. Il devrait être initialement finalisé en juillet 2023. Mais l’AIFM, organisation indépendante affiliée à l’Organisation des Nations unies (ONU), s’était donné un délai supplémentaire de deux ans, jusqu’à 2025. En attendant, certains Etats membres ont appelé à l’adoption d’un moratoire pour geler les permis d’exploitation obtenus par certains groupes comme le Canadien The Metals Company.

Désormais 32 pays d’accord pour l’adoption d’un moratoire

A la fin des débats à Kingston, l’AIFM n’a pas obtenu une pause de précaution. Mais l’élan en faveur de la défense des grands fonds a rallié de nouveaux pays pour atteindre 32 désormais. Parmi les nouveaux convaincus on retrouve Malte, le Honduras, le Guatemala, l’Autriche et Tuvalu, qui avait auparavant parrainé l’exploration minière en eaux profondes. Pour justifier leur changement de position, ces Etats citent le manque de connaissances scientifiques et de compréhension des eaux profondes, l’absence d’un régime réglementaire efficace et le risque élevé pour l’environnement marin.

Election d’une nouvelle secrétaire générale de l’AIFM

De leur côté, les organisations écologistes demandent également une trêve, le temps d’obtenir davantage de donner scientifiques sur l’impact d’une exploitation minière sur les fonds marins. Elles alertent sur le fait qu’il y a de réels risques de détruire cet écosystème et ses habitants, dont plus de 5 000 espèces qu’on ne trouve nulle part ailleurs sur la planète. Au cours de la réunion, les Etats membres ont élu une nouvelle secrétaire générale à la tête de l’AIFM. Il s’agit de la Brésilienne Leticia Carvalho. Cette océanographe a placé son mandat sous l’égide de la transparence et du respect de la science.


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