Singapour : le carburant durable s’impose dans le transport aérien

Photo de Andrew Palmer sur Unsplash

A partir de 2026, les compagnies aériennes au départ de Singapour devront incorporer au moins 1 % de carburant durable. Pour compenser le coût de cette obligation, les autorités vont introduire une taxe sur les billets. Grâce à ces mesures, la cite-Etat espère réduire progressivement les émissions de CO2 de son transport aérien.

Le secteur aérien représente environ 12 % des émissions mondiales de CO2 des transports et 3 % des émissions mondiales de CO2 tout court. Aussi, il serait responsable de 5,1 % du réchauffement climatique anthropique entre 2000 et 2018. Pourtant, c’est l’une des activités les plus résistantes à la décarbonation. Mais Singapour entend bien prendre le taureau par les cornes.

Une taxe sur les billets pour soutenir le carburant durable

Le ministre des transports singapourien Chee Hong Tat a annoncé, en marge du salon aéronautique de la cité-Etat, que les avions de ligne au départ de la cité-Etat devront utiliser 1% de carburant durable ou SAF (« sustainable aviation fuel ») à compter de 2026. Ce taux montera à 3 voire 5% d’ici 2030. Pour compenser en partie le coût du recours au SAF, trois à cinq fois plus onéreux que le carburant conventionnel, il va introduire une taxe sur les billets.

Les vols coûteront donc plus chers

Le billet en classe économique sur un vol direct de Singapour pourrait ainsi grimper. Selon l’Autorité de l’aviation civile de Singapour (CAAS), les passagers voyageant à destination de Bangkok, Tokyo et Londres devraient payer respectivement 3 dollars singapouriens (2,23 dollars américains), 6 dollars singapouriens (4,46 dollars US) et 16 dollars singapouriens (11,88 dollars US) à partir de 2026. Evidemment, le coût sera plus élevé pour les passagers de classe premium.

Le carburant durable encore peu utilisé

Pour Chee Hong Tat, l’Etat singapourien pourra très bien gérer l’impact financier lié à l’obligation d’utiliser le SAF à 1 %. Il affirme que les principales parties prenantes, consultées au préalable avant la prise de cette décision, ont déjà consenti à de nouveaux investissements dans les installations de production. Actuellement, le SAF ne représente que 0,2 % de la consommation mondiale de carburéacteur. Il est issu de la biomasse renouvelable, des déchets, des restes alimentaires et de cultures énergétiques comme la caméline.

Des avantages environnementaux et économiques

Selon les experts, l’utilisation des SAF dans le transport aérien permettra de réduire de 80% les émissions de CO2 sur l’ensemble du cycle de vie par rapport aux combustibles fossiles traditionnels. Elle apportera également des avantages environnementaux et économiques. Principalement, une baisse de la quantité de déchets dans les décharges et une stabilisation du coût du carburant d’aviation par la baisse de la dépendance aux énergies fossiles. Malheureusement, la technologie de production actuelle s’avère coûteuse et peu mâture.

L’Union européenne veut imposer le carburant durable

A cause de cet obstacle, peu d’aéroports peuvent aujourd’hui fournir un approvisionnement constant en SAF. A ce jour, seuls les aéroports mondiaux de Los Angeles, de Stockholm, d’Oslo et de Bergen relèvent ce défi. Une dizaine d’autres plateformes ont inclut ce carburant dans leurs stratégies de développement durable. Elles se trouvent en Europe, en Amérique du Nord, en Asie et en Australie. Sur le vieux continent, l’Union européenne (UE) a proposé en juillet 2021 une utilisation de 2% de SAF d’ici 2025, de 6 % en 2030 et de 70 % d’ici 2050.


Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*