
Cet objectif est bien plus ambitieux que l’engagement précédent de ce pays d’Asie du Sud-Est encore très dépendant des combustibles fossiles.
Dans une déclaration qui a fait sensation lors de sa récente visite officielle au Brésil, le président indonésien Prabowo Subianto a annoncé mercredi 9 juillet que son pays pourrait atteindre 100% d’énergies renouvelables d’ici 2035, soit cinq ans avant l’objectif initial de 2040.
« L’objectif, bien sûr, est 2040, mais mes experts me disent que nous pouvons y arriver beaucoup plus rapidement« , a déclaré celui dont le discours public tranche avec celui de son prédécesseur sur la transition énergétique depuis son accès à la présidence indonésienne en 2024.
L’ancien général trois étoiles s’est en effet montré bien plus volontariste sur le sujet, promettant dès le sommet du G20 en novembre 2024 à Rio, soit deux mois après son élection, de retirer toutes les centrales à charbon et à combustibles fossiles du pays en 15 ans.
Le dernier plan énergétique national indonésien prévoit ainsi que 75% des nouvelles capacités installées au cours des neuf prochaines années proviendront de sources renouvelables. Cependant, ce chiffre ne concerne que les nouveaux projets et laisse intact l’immense parc de centrales à charbon existant, dont beaucoup ont été construites récemment.
Un défi titanesque dans un pays dépendant au charbon
L’ampleur du défi se révèle colossale alors que l’Indonésie dépend actuellement des énergies fossiles pour environ 80% de sa production électrique. Le charbon, avec environ 250 centrales selon Global Energy Monitor, représente la part du lion de ce mix énergétique, générant plus de 45 gigawatts.
Le pays figure parmi les plus grands extracteurs et consommateurs de charbon au monde, une industrie qui constitue également une importante source de revenus d’exportation. Pour accompagner cette transition, l’Indonésie bénéficie pourtant depuis 2022 du soutien international via le Partenariat pour une transition énergétique juste (JETP).
Les pays du Groupe des Sept, les banques multilatérales et les prêteurs privés ont en effet convenu de mobiliser 20 milliards de dollars pour aider l’archipel à abandonner le charbon. Ce programme vise à porter la part des énergies renouvelables à au moins 25% de la production électrique d’ici 2025 et 44% d’ici 2030, incluant le solaire, l’éolien, la géothermie et la bioénergie.
Un décalage entre les promesses et la réalité
Mais les résultats peinent à suivre les ambitions. Le pays a pris du retard sur ses objectifs intermédiaires fixés par le JETP, n’atteignant que 13,1% d’énergies renouvelables l’année dernière contre un objectif de 17,87%.
La situation est d’autant plus complexe que l’Indonésie connaît un boom industriel, notamment dans le secteur de la fonte du nickel, largement alimenté par de nouvelles centrales à charbon construites spécifiquement à cet effet.
Cette industrialisation galopante, moteur de la croissance économique du pays, entre en contradiction directe avec les objectifs environnementaux affichés. La transition vers 100% d’énergies renouvelables nécessiterait non seulement des investissements massifs dans les infrastructures, mais aussi une révolution complète du système énergétique indonésien.
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