
À quatre mois de la conférence climatique de l’ONU, l’inquiétude grandit parmi les participants. En cause : la pénurie de logements qui menace d’exclure les délégations les plus modestes.
La COP30 sera-t-elle celle des « élites » ? C’est ce que craint le quotidien Valor Econômico face aux « prix obscènes » de l’hébergement à Belém, la ville du nord du Brésil qui doit accueillir en novembre prochain cet événement pourtant baptisé « COP de la Forêt » et « COP du Peuple » par les autorités brésiliennes.
Des chambres d’hôtel entre 2 000 et 4 000 euros la nuit, des logements de fortune de 300 à 400 euros par nuit, une maison de 800 mètres carrés proposée à la location pour plus de 30 000 euros par nuit… Les témoignages recueillis par Le Monde révèlent des prix sans commune mesure avec ceux des autres villes hôtes de la COP à cette période de l’année.
« On nous proposerait de dormir à plusieurs dans une cabine de paquebot pour 600 à 1 300 dollars [environ 500 à 1 100 euros] la nuit par personne, soit des conditions difficiles pour des négociateurs qui finissent régulièrement après minuit », renseigne une source anonyme d’une délégation européenne.
Un déficit de logement criant
La situation est si préoccupante qu’Ilana Seid, présidente de l’Alliance des petits États insulaires (Aosis), a dû prendre la plume le 14 juin dernier pour s’adresser au président de la COP30 André Corrêa do Lago, indiquant que « de nombreuses délégations de cette organisation, qui regroupe les pays les plus exposés au changement climatique, ne savent pas si elles pourront participer ».
À l’origine de cette situation figure une crise du logement à Belém. Selon Le Monde, la ville de 1,3 million d’habitants dispose actuellement de 14 000 à 18 000 lits d’hôtel, alors qu’il en faudrait près de 50 000 pour accueillir la COP compte tenu du nombre d’accréditations distribuées par les organisateurs.
Cela donne lieu à une spéculation que même l’État se montre incapable de refréner, malgré les assurances du gouverneur et du président de la République Lula.
Il faut parer au plus pressé
Selon André Corrêa do Lagoce dernier « estime que la dimension symbolique du lieu l’emporte sur certains des obstacles que nous devrons surmonter dans les mois à venir ». Pour le chef de l’État brésilien, cette crise permet de lever le voile sur la réalité quotidienne d’une ville aussi modeste que Belém. N’est-ce pas là aussi l’un des objectifs de la COP ?
Les initiatives se multiplient en tout cas pour tenter de minimiser les difficultés d’accès au logement. Bateaux de croisière, hamacs, écoles, casernes militaires, réquisition de « love motels »… toutes les options sont sur la table, d’après Le Monde.
Car l’enjeu est de taille, comme le résume Davi Fleury, habitant de Belém engagé dans la recherche de logements pour les participants : « Le risque, ce n’est pas tant une « COP des riches » qu’une « COP clairsemée » ».
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