La ruse climatique d’ExxonMobil

Le groupe pétro-gazier américain s’engage à atteindre la neutralité carbone en 2050. Sans tenir compte de ses émissions de niveau 3 et tout en forant toujours plus de pétrole.

Chez ExxonMobil, mieux vaut des objectifs climatiques limités voire inopérants que pas d’objectif du tout. Ainsi pourrait-on interpréter la dernière initiative du groupe pétrolier. Il a en effet annoncé, mardi 18 janvier, son engagement à atteindre la neutralité carbone en 2050, conformément à un plan envisagé depuis l’année écoulée. Celui-ci englobe notamment la réduction conséquente d’ici l’échéance fixée des émissions de dioxyde de carbone scope 1 et 2. C’est-à-dire les rejets de Co2 provenant des activités de l’entreprise et ceux liés à sa consommation énergétique plus globalement.

Exxon parie pour ce faire entre autres, sur le contrôle de ses rejets de méthane, la conversion progressive de ses activités à l’énergie propre dont les renouvelables, et son chéquier. Ce dernier devra servir au développement, de technologies de capture et de stockage du carbone, de l’hydrogène et autres biocarburants encore trop indisponibles sur le marché pour combler leur besoin croissant induit par les appels à l’accélération de la transition énergétique.

Entourloupe

L’ambition ainsi proclamée est louable. Surtout dans un contexte de pression accrue des écologistes et autres acteurs du climat sur les majors pétrolières. L’Anglo-néerlandaise Shell a ainsi été forcée par la justice sous l’impulsion des activistes, de revoir à la hausse son plan de décarbonation. Par ailleurs, à travers ses objectifs, Exxon s’aligne sur la feuille de route de la Oil and Gas Climate Initiative (OGCI), groupe industriel promouvant la réduction de l’intensité des émissions de carbone par unité de production de ses membres.

Mais le plan pro-neutralité carbone d’Exxon, en plus d’être plus long que celui de certains de ses rivaux, les Européens notamment, souffre de quelques infirmités. Et pas des moindres. En effet, il ne concerne pas les émissions de niveau 3 de la société. C’est-à-dire les rejets indirects issus de la consommation de ces produits, réputés pourtant très sales. D’autant que ces derniers concentrent l’essentiel de ses activités polluantes.

De la poudre aux yeux

Au grand dam des écologistes qui crient d’ores et déjà à une manœuvre destinée seulement à calmer les administrateurs, principalement les trois fonds activistes entrés au Conseil d’administration de l’entreprise il y a quelques mois. Ces derniers font notamment pression pour que le groupe embrasse mieux la transition énergétique.

ExxonMobil a par ailleurs éludé de ses objectifs, sa production de pétrole et de gaz appelée à augmenter au cours de cette décennie.  Vous avez dit neutralité carbone ?


Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*